Avant
la partie
Dans le milieu des joueurs de salon,
on a coutume de dire qu'une partie se gagne souvent avant de pousser
le premier petit pion. Voici quelques trucs qui vous permettront
d'intimider votre adversaire et le conduiront vers une stratégie
passive vous permettant de développer des attaques foudroyantes.
La question de l'elo
Commencez par demander combien d'elo l'adversaire a. S'il ne comprend
pas la question, ce n'est sans doute qu'un pousseur de bois, vous
allez n'en faire qu'une bouchée. Optez pour la partie sicilienne
et attaquez sans retenue. S'il répond un chiffre inférieur
à 2000, pas de panique, c'est un faible joueur de club. Faites-lui
un début du fou pour le sortir des schémas qu'il a
appris par cœur, puis appliquez les grands principes de la stratégie.
S'il répond un chiffre supérieur ou égal à
2000, méfiance. Ces joueurs qui passent leur vie à
apprendre des variations par cœur peuvent s'avérer particulièrement
coriaces, mais rassurez-vous, on n'en rencontre que très
rarement.
S'il vous demande à son tour combien vous avez d'elo, répondez-lui
sobrement que vous n'avez jamais joué en club. Ainsi
il ne se méfiera pas et vous pourrez lui placer plus facilement
vos bottes secrètes.
Testez ses connaissances
L'air de rien, demandez-lui s'il aime roquer, ça vous donnera
une indication de son tempérament. Histoire de l'intimider
un peu, demandez-lui quel début il préfère
entre la partie sicilienne et le gambit. Attention, ne pas poser
cette question aux joueurs de club : ils ne vous répondront
pas de toute façon car ils préfèrent tenir
leurs stratégies secrètes. Contre les novices en revanche,
utiliser les mots précis du jeu est un moyen facile d'asseoir
son autorité avant la partie.
Pendant
la partie
Les premiers coups
Jouez les premiers coups rapidement
et avec assurance, en suivant les grands principes de la stratégie
(la reine d'abord !). Au bout de 5 ou 6 coups, prenez un long
temps de réflection, frottez-vous un peu le menton, et dites
quelque chose comme : "c'est pas la théorie ça,
Kasparov l'a réfuté contre Minkovitch à Vienne
en 1972. Ca va être dur pour toi." Vous pouvez bien sûr
varier les paramètres de cette phrase à loisir, il
suffit de changer les noms, le lieu et la date. Veillez tout de
même à utiliser l'un au moins de de ces trois noms
sur les deux : Kasparov, Fischer ou Bacrot, ça fera
plus réaliste.
L'échec au roi
Mettez le roi adverse en échec aussi souvent que
possible en annonçant fermement "échec au roi !".
Ainsi, l'adversaire sent que vous n'allez pas lui laisser de répit
et que la fin est proche.
Les coups décisifs
Lorsque la position s'y prête, tendez un piège
à votre adversaire. Puis simulez un mouvement de panique
en regardant de l'autre côté du plateau, soufflez un
bon coup et dites : "tant pis, joué c'est joué."
La fin de partie
Certaines lavettes abandonnent avant la fin parce qu'on
leur a mangé leur reine et qu'ils ne savent plus comment
faire échec et mat. Ne faites jamais cela ! Il faut
lutter jusqu'au bout car même avec beaucoup de pièces
en moins, il existe toujours des chances de faire pat : faites-vous
manger toutes vos pièces et essayez de bloquer votre roi
dans un coin où il ne peut plus bouger. Si officiellement
le pat signifie que personne n'a gagné, le camp en infériorité
sort vainqueur psychologique d'une telle situation.
Après
la partie
La victoire
Il faut rester modeste dans la victoire. Expliquez à
votre adversaire les erreurs qu'il a commises pour l'aider à
progresser. Voici une petite liste des explications que vous pouvez
lui donner, selon la situation :
- Forcément, tu joues français ! On ne joue plus
jamais ce début.
- Le cheval est bien plus fort que la tour.
- À un moment, tu pouvais me manger mon fou, mais en fait
tu pouvais pas. Il y avait échec et mat en 5 coups après.
- Tu joues bien, mais tu connais pas la stratégie.
- Le roque, il faut pas jouer ça, c'est un coup de lavette.
- Manque de bol, tu es retombé dans la partie Spassky-Kasparov,
Léningrad 1985.
- Tu as combien d'elo déjà ?
La défaite
Là encore, il faut faire preuve d'humilité.
Même avec les meilleurs conseils du monde, vous ne gagnerez
pas à chaque fois. Essayez de comprendre où vous avez
fait l'erreur fatale pour ne plus la refaire. Mais une chose est
claire : en aucun cas l'adversaire ne vous a battu, c'est vous
qui avez perdu. Il est important de sauver la face en utilisant
l'une des phrases suivantes :
- J'avais une meilleure position
mais j'ai fait une bourde.
- Je me suis contenté de jouer par cœur au lieu de réfléchir,
je n'étais pas assez concentré.
- En ce moment je tente des trucs pour m'amuser, mais d'habitude
je joue pas comme ça.
- À un moment, tu as raté une fourchette, tu aurais
pu gagner plus vite.
- J'ai pas vu qu'il y avait échec et mat mais sinon je gagnais
la partie.
- Tu as eu de la chance, normalement on peut pas gagner avec cette
stratégie.
|