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Un peu d'histoire

Une partie d'échecs ne se gagne pas uniquement sur le plateau. Les facteurs psychologiques sont déterminants. Dans leur célèbre match disputé à Helsinki en 1972, le challenger soviétique Boris Spassky ne se remit jamais de la cinglante défaite que Fischer lui infligea dans la première partie. L'ascendant psychologique de l'américain était tel que malgré un niveau de jeu intrinsèquement inférieur à celui du russe, il parvint à renverser la vapeur et à faire triompher le monde libre. Ce match fut une immense claque pour tous les joueurs de club du monde qui ne juraient que par l'école soviétique, et montra qu'un joueur de salon suffisamment confiant pouvait déjouer les variations apprises bêtement par cœur.

Avant la partie
Dans le milieu des joueurs de salon, on a coutume de dire qu'une partie se gagne souvent avant de pousser le premier petit pion. Voici quelques trucs qui vous permettront d'intimider votre adversaire et le conduiront vers une stratégie passive vous permettant de développer des attaques foudroyantes.

La question de l'elo
Commencez par demander combien d'elo l'adversaire a. S'il ne comprend pas la question, ce n'est sans doute qu'un pousseur de bois, vous allez n'en faire qu'une bouchée. Optez pour la partie sicilienne et attaquez sans retenue. S'il répond un chiffre inférieur à 2000, pas de panique, c'est un faible joueur de club. Faites-lui un début du fou pour le sortir des schémas qu'il a appris par cœur, puis appliquez les grands principes de la stratégie. S'il répond un chiffre supérieur ou égal à 2000, méfiance. Ces joueurs qui passent leur vie à apprendre des variations par cœur peuvent s'avérer particulièrement coriaces, mais rassurez-vous, on n'en rencontre que très rarement.
S'il vous demande à son tour combien vous avez d'elo, répondez-lui sobrement que vous n'avez jamais joué en club.
Ainsi il ne se méfiera pas et vous pourrez lui placer plus facilement vos bottes secrètes.

Testez ses connaissances
L'air de rien, demandez-lui s'il aime roquer, ça vous donnera une indication de son tempérament. Histoire de l'intimider un peu, demandez-lui quel début il préfère entre la partie sicilienne et le gambit. Attention, ne pas poser cette question aux joueurs de club : ils ne vous répondront pas de toute façon car ils préfèrent tenir leurs stratégies secrètes. Contre les novices en revanche, utiliser les mots précis du jeu est un moyen facile d'asseoir son autorité avant la partie.

Pendant la partie
Les premiers coups
Jouez les premiers coups rapidement et avec assurance, en suivant les grands principes de la stratégie (la reine d'abord !). Au bout de 5 ou 6 coups, prenez un long temps de réflection, frottez-vous un peu le menton, et dites quelque chose comme : "c'est pas la théorie ça, Kasparov l'a réfuté contre Minkovitch à Vienne en 1972. Ca va être dur pour toi." Vous pouvez bien sûr varier les paramètres de cette phrase à loisir, il suffit de changer les noms, le lieu et la date. Veillez tout de même à utiliser l'un au moins de de ces trois noms sur les deux : Kasparov, Fischer ou Bacrot, ça fera plus réaliste.

L'échec au roi
Mettez le roi adverse en échec aussi souvent que possible en annonçant fermement "échec au roi !". Ainsi, l'adversaire sent que vous n'allez pas lui laisser de répit et que la fin est proche.

Les coups décisifs
Lorsque la position s'y prête, tendez un piège à votre adversaire. Puis simulez un mouvement de panique en regardant de l'autre côté du plateau, soufflez un bon coup et dites : "tant pis, joué c'est joué."

La fin de partie
Certaines lavettes abandonnent avant la fin parce qu'on leur a mangé leur reine et qu'ils ne savent plus comment faire échec et mat. Ne faites jamais cela ! Il faut lutter jusqu'au bout car même avec beaucoup de pièces en moins, il existe toujours des chances de faire pat : faites-vous manger toutes vos pièces et essayez de bloquer votre roi dans un coin où il ne peut plus bouger. Si officiellement le pat signifie que personne n'a gagné, le camp en infériorité sort vainqueur psychologique d'une telle situation.

Après la partie
La victoire
Il faut rester modeste dans la victoire. Expliquez à votre adversaire les erreurs qu'il a commises pour l'aider à progresser. Voici une petite liste des explications que vous pouvez lui donner, selon la situation :
- Forcément, tu joues français ! On ne joue plus jamais ce début.
- Le cheval est bien plus fort que la tour.
- À un moment, tu pouvais me manger mon fou, mais en fait tu pouvais pas. Il y avait échec et mat en 5 coups après.
- Tu joues bien, mais tu connais pas la stratégie.
- Le roque, il faut pas jouer ça, c'est un coup de lavette.
- Manque de bol, tu es retombé dans la partie Spassky-Kasparov, Léningrad 1985.
- Tu as combien d'elo déjà ?

La défaite
Là encore, il faut faire preuve d'humilité. Même avec les meilleurs conseils du monde, vous ne gagnerez pas à chaque fois. Essayez de comprendre où vous avez fait l'erreur fatale pour ne plus la refaire. Mais une chose est claire : en aucun cas l'adversaire ne vous a battu, c'est vous qui avez perdu. Il est important de sauver la face en utilisant l'une des phrases suivantes :
- J'avais une meilleure position mais j'ai fait une bourde.
- Je me suis contenté de jouer par cœur au lieu de réfléchir, je n'étais pas assez concentré.
- En ce moment je tente des trucs pour m'amuser, mais d'habitude je joue pas comme ça.
- À un moment, tu as raté une fourchette, tu aurais pu gagner plus vite.
- J'ai pas vu qu'il y avait échec et mat mais sinon je gagnais la partie.
- Tu as eu de la chance, normalement on peut pas gagner avec cette stratégie.